LA TRINITÉ, HISTOIRE ET LÉGENDE
La situation géographique stratégique de La Trinité confère à cette commune de plus de 10 000 habitants une richesse et une histoire atypiques. Si le territoire existe depuis l’antiquité, ce n’est que le 30 janvier 1818, sous l’impulsion du roi Victor Emmanuel, que La Trinité est érigée en commune autonome : c’est la naissance de La Trinité Victor. Jusqu’au XVIe siècle, l’espace territorial situé entre Roma et Rostit sur le Tercier de Drap est nommé Ariane-Èze. Nonobstant, au fil des années, la démographie s’étant amplifiée, les paysans demandent l’autorisation de construire une chapelle pour ne plus être contraints de se rendre à Èze assister à la messe, déclarer les naissances ou faire baptiser les nouveau-nés. En 1617, leur souhait est exaucé : la chapelle “Trinité” est bâtie. Le curé d’Èze, Don Jacques Fighiéra, y officiera durant 7 ans.
Puis en 1625, les habitants obtiennent l’autorisation d’enregistrer les naissances et d’assister aux offices à Drap. Sous la révolution et à l’arrivée des troupes françaises dans le Comté de Nice, les habitants qui sont alors imposés par une administration provisoire, demandent de se séparer d’Èze. Avec l’appui de personnages influents, les pétitions se multiplient. En 1805, un cimetière est construit et en 1808, la chapelle est officiellement déclarée église annexe. Le 30 janvier 1818, le roi Victor Emmanuel 1er érige ce village en commune et y adjoint le nom « Victor » afin de perpétuer son souvenir. Cette évolution mène donc à la naissance de La Trinité Victor et à la mise en place d’une organisation juridique et administrative.
En 1951, sous l’impulsion du Maire Louis Lepeltier, la commune et le hameau de Laghet sont réunis sous le nom de La Trinité. De l’antiquité à nos jours, la position enclavée de cette commune est indissociable de son histoire. Située sur la trajectoire de l’ancienne “Route Royale” communément appelée “Route du Sel” qui mène de Nice à Turin et “La Via Julia”, vestige d’une voie romaine reliant l’Italie à l’Espagne qui permet la jonction entre La Turbie et Cimiez par le Vallon de Laghet, La Trinité est aujourd’hui une ville en perpétuel développement. L’olivier est depuis toujours un symbole de la région et il revêt une grande importance dans notre commune qui regroupe plusieurs producteurs oléicoles.
La légende du “baù doù pin”
La légende dit que le ruisseau de Laghet doit son nom à un petit lac dont on ignore aujourd’hui l’emplacement mais qui airait été, dans l’antiquité, le lieu de célébration du culte de Cybèle et un refuge de profonde sérénité qui abrita les prêtres de cette déesse grecque. Mais cette quiétude aurait été bousculée par un évènement impromptu : l’un des serviteurs de ce pieux collège aurait succombé aux plaisirs de la chair. Jeune, il se plaisait à errer dans les profondeurs des bois quand une nymphe d’une beauté inouïe et d’une impétuosité irrestistible se présenta à lui. Troublé, il en oublia le vœu de continence qu’il avait prononcé et céda à l’attrait du plaisir. Longtemps la déesse feignit d’ignorer l’outrage répété. Mais une nuit, déraisonné par la passion, le jeune prêtre commit l’irréparable : il entraina la tentatrice sur le bord des eaux sacrées où le miroir du lac refléta l’étreinte interdite. Le courroux de Cybèle était tel que la coupable fut terrassée. Ravagé par la douleur, le prêtre s’enfuya en abandonnant le corps sans vie de sa dulcinée encore traversé par les frémissements de la jouissance. Durant des jours et des nuits, il erra sans but, prêt à céder à l’appel du désespoir, l’esprit torturé par le remord et l’angoisse de la pénitence. Prise de pitié, la déesse lui fit grâce d’une fin cruelle en le métamorphosant en pin. La légende attribue la mirifique présence du pin sur la roche, situé sur la route de Laghet, à cette constante dualité entre le culte de la chasteté et l’irrésistible attraction charnelle qui mena le prêtre à sa perte.